Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/200

Cette page n’a pas encore été corrigée

longtemps défendu. Peu à peu, il en vint à calculer quelle serait la dépense, à combien lui reviendrait une pareille emplette. Il chiffra chaque détail, il couvrit toute une page d’additions et de multiplications. La somme l’effraya.

Alors, il rogna, il diminua les chiffres, il finit par se convaincre que Jeanne, tout en restant très chère, était cependant à la portée de sa bourse. Il attendit un grand mois encore, hésitant, se demandant s’il ne ferait pas mieux de chercher une femme qui l’enrichirait au lieu de l’appauvrir.

Les amours de vanité sont tout aussi tenaces que les amours de cœur. Lorin, se sentant faiblir, se donna pour prétexte qu’il avait assez de fortune, et qu’il pouvait bien se passer une fantaisie. Il se dit qu’il était fou ; puis, tout en se raillant lui-même, il alla trouver M. de Rionne.

Il le savait ruiné.

« Monsieur, expliqua-t-il, je viens vous voir