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fini par l’accepter comme un camarade de jeu, dont elle abusait avec la tyrannie des enfants.

L’avant-veille du départ pour Paris, Daniel et Jeanne voulurent aller dire adieu aux îles. Ils partirent tous deux, ils s’oublièrent longtemps dans les petits bras. L’automne était venu, des feuilles jaunes descendaient lentement le courant, et le vent, parmi les branches dénudées, avait des soupirs mélancoliques.

La promenade fut triste. Il faisait presque froid. La jeune fille se serrait dans un châle qu’elle avait jeté sur ses épaules ; elle ne parlait pas, elle regardait les pauvres feuillages rougis, et elle les trouvait bien laids. Daniel, toujours confiant, s’abandonnait au charme de cette course dernière, sans même songer au terrible Paris qui se dressait devant lui.

Quand ils quittèrent les îles, ils aperçurent de loin trois personnes qui les attendaient sur la berge. Ils reconnurent M. Tellier à l’énorme tache qu’il faisait sur le vert de la pelouse. Les