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fille allait oublier ses mauvaises fièvres. Le grand air l’avait rajeuni lui-même, et il voyait autour de lui comme un grand épanouissement de tendresse.

Il vécut toute la belle saison dans une confiance superbe. Il n’eut pas un mot de reproche, pas un regard sévère. Tout ce que Jeanne faisait était bien fait, et il trouvait des prétextes pour excuser ses heures mauvaises. La vérité était que la simple présence de la jeune fille le jetait dans des extases qui lui ôtaient le sentiment de la réalité. Quand elle était là, dans la barque, il sentait une douceur glisser au fond de son être. Il souhaitait ardemment l’heure du départ ; il inventait des courses lointaines pour la garder plus longtemps. Alors, il la trouvait si belle et si bonne, qu’il éprouvait des remords de l’avoir tourmentée. Jamais plus il ne la gronderait.

L’été se passa ainsi, dans l’espérance. Il n’était pas sorti une seule fois de son rôle de guide infatigable et prévoyant ; et elle avait