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LE VŒU D’UNE MORTE.

toile, sans qu’elle en eût conscience. Et, muette, les lèvres ouvertes, la chair secouée par de longs frissons, elle songeait en attendant la mort, roulant la tête avec lenteur comme font les mourants.

Elle avait trente ans à peine. C’était une frêle créature, que la maladie rendait plus délicate encore. Cette femme devait être une intelligence rare, une bonté et une tendresse suprêmes. La mort est la grande épreuve, et ce n’est que dans l’agonie qu’il faut juger les courages.

Et, cependant, on sentait des révoltes en elle. Par moments, ses lèvres tremblaient, ses mains tordaient le drap avec plus de violence. Une angoisse contractait sa face, et de ses yeux coulaient de grosses larmes, que la fièvre séchait sur ses joues. Elle semblait vouloir écarter la mort, dans un élan soudain de volonté.

Alors, elle se penchait, et elle regardait longuement une petite fille de six ans, assise sur le tapis, et qui jouait avec les glands de la couverture. Parfois, l’enfant levait la tête, prise