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profonds. Pour faire comme tout le monde, elle se pâmait dans son salon, chaque fois qu’il était question de grands bois, de ruisseaux ombreux ; mais, au fond, elle nourrissait une haine féroce contre les herbes qui tachent les robes et contre le soleil qui brûle la peau.

Ses grandes promenades étaient de faire le tour des pelouses. Elle avançait avec précaution, ne quittant pas des yeux l’allée, par peur des accidents ; les feuilles sèches l’épouvantaient, et, un jour, elle poussa des cris, parce qu’une ronce lui avait légèrement égratigné la cheville.

Lorsque Jeanne courait follement, elle la regardait d’un air de pitié et de chagrin. Elle espérait mieux de cette enfant, qui avait si bien joué son rôle de coquette pendant tout l’hiver.

« Bon Dieu ! Jeanne, criait-elle, que vous êtes commune ! On dirait vraiment que vous vous amusez… Ah ! Seigneur, voici un grand trou plein d’eau ! Venez donc me donner la main. »

Et la jeune fille, voulant avoir l’air aussi distingué que sa tante, se mettait à sautiller