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chantaient ici leur chanson joyeuse. Elle se sentait vivre, et elle était emportée par des élans soudains qui la polissaient à vagabonder, à rire comme un garçon. Cette montée de sève n’était d’ailleurs encore que physique, car elle n’entendait pas son cœur battre dans cette sérénité des champs ; et elle s’abandonnait simplement à la vie ardente qui brûlait en elle.

Mme Tellier la regardait galoper en haussant les épaules. Pour elle, le Mesnil-Rouge était un lieu d’exil, où la mode la retenait pendant les mois d’été. Elle s’y ennuyait aristocratiquement, passant ses journées à bâiller et à compter les semaines qui la séparaient de l’hiver. Lorsque la nostalgie de Paris s’emparait d’elle trop vivement, elle s’efforçait de s’intéresser aux arbres, elle allait jusqu’au bord de la Seine pour voir couler l’eau.

Elle en revenait toujours profondément découragée ; rien ne lui semblait plus sot ni plus malpropre qu’une rivière ; et, quand elle entendait vanter les plaisirs champêtres, il lui prenait des étonnements