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des ombres noires. Les horizons étaient calmes et amples, faits de lignes simples. Le paysage, plat et immense, s’étendait sous un large pan de ciel, où frissonnaient de petits nuages pâles.

On eût dit qu’un fleuve de lait avait passé sur cette nature féconde. La terre, sans convulsions, sans rochers, donnait grassement la vie à des arbres qui grandissaient droits et forts, comme des enfants vigoureux. Et les rangées de saules, d’une froideur douce, baignaient leurs longues branches grises dans les eaux claires.

Quand le soleil montait, pendant les chaudes journées de juillet, le paysage entier devenait d’un blond lumineux. Les peupliers seuls faisaient des barres sombres sur le ciel blanc.

Contrée douce et consolante, horizons d’une largeur sereine, dans lesquels le cœur s’apaisait. Lorsque Jeanne, le lendemain de son arrivée, ouvrit sa fenêtre et aperçut la plaine immense, elle sentit des larmes monter à ses