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Mais Daniel rencontrait souvent dans la maison une figure qui l’inquiétait. Lorin était sans cesse là, beau parleur, faisant l’aimable, cherchant à plaire. Et Jeanne paraissait aimer à le voir et à l’entendre. Il savait l’amuser : lorsqu’elle se montrait boudeuse, il consentait de bonne grâce à servir de but à ses épigrammes. Il devenait ainsi presque indispensable.

Daniel se demandait avec terreur ce que voulait cet homme. Le bout de conversation qu’il avait eu avec lui l’emplissait d’inquiétude. Depuis ce jour, il ne le perdit plus de vue, il chercha même à le questionner ; mais il n’apprit rien qui confirmât son soupçon.

Il tremblait toutefois, et il souhaitait ardemment de soustraire Jeanne aux influences qui la rendaient mauvaise. Il s’avouait qu’il serait impuissant, tant qu’elle vivrait étourdie par les plaisirs du monde. Il aurait voulu l’emporter, loin de la foule, dans une solitude calme.

Son rêve fut exaucé.

Un matin, M. Tellier lui apprit qu’il partait dans huit