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celle à qui je dois tout. Vos bonnes paroles me pénètrent de douceur, vos méchants sourires me navrent et me brisent. Par pitié, soyez bonne. Laissez-moi faire, je vous en supplie : je travaille uniquement à votre chère félicité. »

Il avait eu une grande crainte dont il était heureusement délivré. Il tremblait que M. de Rionne ne se souvînt et ne s’occupât de sa fille. Mais, depuis qu’il habitait chez les Tellier, il n’avait pas encore aperçu cet homme, dont la lâcheté vicieuse l’effrayait.

M. de Rionne oubliait parfaitement qu’il avait une fille. Il était venu la voir une fois, après sa sortie du couvent, uniquement pour recommander à sa sœur de ne jamais la lui amener.

« Tu comprends, lui avait-il dit avec un sourire, je ne reçois que des hommes, et Jeanne serait toute dépaysée chez moi. »

Et il s’en était allé, certain de ne pas être dérangé, heureux de la précaution qu’il venait de prendre. Il ne revint pas, craignant d’avoir à subir quelque fantaisie de sa fille.