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intime du jeune homme. Au bout d’un moment, elle lui dit d’un ton de méchanceté moqueuse :

« Monsieur Lorin, allez donc distraire un peu ma nièce, qui s’ennuie là-bas, toute seule. »

Et elle se repentit tout de suite. Lorin, irrité d’avoir été compris, s’inclina et alla retrouver Jeanne. Il fut suivi par quelques jeunes gens, qui se hâtèrent de prendre à la lettre les paroles de Mme Tellier. Un cercle se reforma autour de la jeune fille. Daniel avait réussi à se glisser au premier rang.

Jeanne n’était plus distraite ni indifférente. Elle avait l’œil vif et la lèvre railleuse. Elle se trouvait en pleine lutte mondaine, parlant avec une fièvre nerveuse, animant la causerie banale de toute la vivacité de son esprit inquiet. Son cœur n’était pas de la partie.

Daniel l’écoutait douloureusement. Il se disait qu’elle n’avait point la sottise des autres, mais qu’elle avait leur sécheresse d’âme. Et il songeait aux paroles de la mourante ; il commençait