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En effet, ils parlaient comme des cochers. Daniel ne comprit pas entièrement leur langage : l’argot des salons était une nouvelle langue pour lui et il les prit d’abord pour des étrangers. Puis, il reconnut certains mots français ; il devina qu’ils parlaient de femmes et de chevaux, sans bien savoir quelles phrases s’appliquaient aux chevaux et quelles phrases aux femmes, car ils les traitaient avec la même tendresse et la même grossièreté.

Alors, Daniel jeta un regard clair dans le salon. Il commençait à comprendre qu’il venait d’être dupe d’un décor. Les platitudes, les niaiseries lui arrivaient nettes et brutales, pareilles à ces lambeaux de dialogue qui se traînent misérablement dans les féeries, au milieu des splendeurs de la mise en scène.

Il se dit qu’il n’y avait là que des jeux de lumière sur des bijoux et sur des étoffes riches. Ces têtes, les jeunes et les vieilles, étaient creuses, ou se faisaient creuses par politesse et savoir-vivre. Tous ces hommes étaient des