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faisant bande à part, causaient entre eux, près des fenêtres et des portes. Tout ce monde se trouvait ainsi disséminé par groupes de quelques personnes, les habits noirs debout, les jupes de soie étalées dans les fauteuils.

On n’entendait qu’un murmure adouci, dans lequel s’élevaient, par moments, de petits rires aussitôt réprimés.

Une sorte de respect instinctif s’était emparé de Daniel. Il regardait ces hommes graves, ces jeunes gens élégants, et il était prêt à les admirer de bonne foi. Jamais il ne s’était trouvé à pareille fête. Il y avait surprise, il se disait qu’il était subitement transporté dans une sphère de lumière, où tout devait être bon et beau. Ces rangées de fauteuils où les dames, avec des sourires, montraient leur cou et leurs bras nus chargés de bijoux, le jetaient surtout dans un ravissement. Puis, au milieu, il apercevait Jeanne fière, victorieuse entourée d’adorateurs, et c’était là, pour lui, l’endroit sacré d’où partaient tous les rayons.