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la mettait ainsi loin de toutes les mains, se plaisant à ce jeu.

D’ailleurs, elle s’attendait à trouver une niaise, et le caractère aigri froid et mordant de Jeanne l’avait agréablement surprise. Elle était devenue l’amie de cette moqueuse qui la divertissait ; elle l’excitait, la poussait à la méchanceté, sans songer à mal. N’ayant pas elle-même cette bonté qui aurait éveillé la bonté de ce cœur fermé, elle croyait rendre à Jeanne un véritable service en faisant son éducation mondaine.

Toutes deux vivaient de la même vie : la tante avec un calme parfait, la nièce avec des inquiétudes sourdes. Elles étaient acceptées dans Paris, l’une comme la reine de la mode, l’autre comme une infante qui devait être reine tôt ou tard.

Daniel, de sa chambre, lorsqu’il les voyait monter dans la même voiture, avait des colères soudaines. Il se rappelait les paroles de la mourante, qui prévoyait les mauvaises leçons que