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toujours en elle la femme positive. Elle se parait elle-même en la parant, elle contentait uniquement son amour du luxe et sa vanité. Puisque sa nièce devait être là, dans son salon, elle n’aurait pas souffert qu’elle y fût sans être merveilleusement mise.

Il y avait peut-être encore un autre sentiment au fond de son cœur. Elle n’était sans doute pas fâchée de passionner les dernières années de sa beauté. C’était une sorte de lutte qu’elle engageait avec cette enfant ; des joies profondes la prenaient, quand ses invités négligeaient Jeanne pour venir l’entourer elle-même. Elle se donnait la récréation de dire à tout le monde que sa nièce n’avait pas de dot, et elle riait lorsque les prétendants s’enfuyaient.

Peut-être même calculait-elle l’effet désastreux que produisaient sur les épouseurs les riches toilettes de Jeanne, quand ils apprenaient que cette belle demoiselle n’avait pas un sou. Sa nièce devenait pour eux une fleur rare, mais dangereuse, d’un entretien trop coûteux. Elle