Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/142

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et, tout à coup, il se trouvait mis face à face avec la vie riche et oisive, il se donnait pour tâche de déchiffrer l’âme obscure d’une jeune fille. Si Jeanne était venue lui tendre amicalement la main comme Georges lui avait jadis tendu la sienne, il aurait trouvé cette action toute simple, car il n’avait point conscience des mœurs du monde. Il n’allait pas au-delà de ces chiffons qui l’effrayaient, et il prétendait que le cœur était gâté.

Maintenue au couvent jusqu’à l’âge de dix-huit ans, Jeanne y avait conservé toute la puérilité de la première enfance. Son cœur et son intelligence s’étaient oubliés dans les bavardages de ses petites amies, et elle voyait de loin la vie comme une féerie éblouissante où elle devait entrer plus tard. Ses journées avaient été remplies par les mille niaiseries de l’éducation que nous donnons à nos filles. Elle était ainsi devenue une enfant nerveuse, une poupée que l’on dressait à l’élégance et à la distinction.

La pensée de sa mère était vague en elle. On