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tout orgueilleuse. Elle lui parut semblable aux autres femmes qui riaient de lui. Pour rien au monde, il n’aurait voulu s’approcher d’elle et l’embrasser. À la pensée qu’elle allait le voir, il lui prenait des défaillances.

On lui avait changé sa fille. C’était une enfant qu’il voulait, car jamais il n’oserait parler à cette grande et belle personne qui riait si gaiement et qui paraissait si fière. Dans ce premier moment de surprise, il ne savait plus bien ce qu’il faisait là, il oubliait ce que la morte lui avait dit.

Il s’était réfugié dans un coin, se tenant debout, ne sachant que faire de ses mains. Malgré son anxiété, il ne pouvait détourner ses regards du visage de la jeune fille ; il se disait qu’elle ressemblait à sa mère, avec toutes les splendeurs de la vie, et il sentait une chaleur douce monter dans sa poitrine.

Jeanne, qui écoutait les remontrances de son oncle, ne le voyait seulement pas.

M. Tellier, contrarié d’avoir été interrompu,