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songea à ne plus vivre que pour le plaisir : il se fit nommer député.

Il éprouvait des joies d’enfant, lorsqu’il se rendait à la Chambre. Il y écoutait religieusement les grands mots, les longues phrases vides qu’il aimait ; et, chaque soir, en rentrant chez lui, il était persuadé qu’il venait de sauver la France.

Il faisait de l’opposition pour l’amour de l’art. Puis, cela lui donnait à ses propres yeux, une importance considérable. Il pensait être la digue nécessaire opposée à l’envahissement de la tyrannie. Il s’étonnait, dans les rues, que le peuple ne tombât pas à ses genoux en le nommant son père.

D’ailleurs il n’inquiétait personne, pas plus le pouvoir que l’opposition. et il était si sot dans certaines circonstances que plusieurs le croyaient vendu. Le pauvre homme n’aurait pas trouvé d’acquéreur, car il s’estimait trop haut et il valait trop peu. Il y avait en lui l’étoffe d’un imbécile, et non d’un intrigant.