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dans son cerveau, pareilles à ces petites poupées qui tournent dans les orgues de Barbarie.

Quand ces trois ou quatre idées dormaient, il était d’un vide à faire peur.

Il n’avait qu’un seul vice, celui de se croire un profond politique. Il clabaudait gravement, il gouvernait les États comme les portières gouvernent leurs loges, répétant les mêmes phrases, délayant ses rares pensées dans un déluge de mots. Il était d’ailleurs de la meilleure foi du monde, et vivait en paix dans sa sottise.

Dès l’enfance, il avait parlé du peuple et de la liberté avec des solennités écrasantes. Plus tard, en pleine prospérité, ayant sous ses ordres tout un monde d’ouvriers, il continua ses discours philanthropiques, sans songer qu’il ferait mieux de parler moins et d’augmenter les salaires. Mais le peuple et la liberté étaient pour lui des choses abstraites qu’il fallait aimer platoniquement.

Lorsqu’il eut amassé une fortune colossale, il