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dans ce départ brusque, un dévouement sans bornes.

Le lendemain, Daniel le quitta, avec de grosses larmes. Il avait passé la nuit sans dormir, rangeant tout dans sa chambre, disant un adieu suprême à ces murs dans lesquels il ne rentrerait plus sans doute. Son cœur battait d’allégresse, et il y avait en lui une tristesse vague, cette tristesse que les bonnes âmes éprouvent lorsqu’elles quittent une demeure où elles ont espéré et pleuré.

Dans la rue, il retint Georges un instant.

« Je viendrai te voir, si je puis, lui dit-il rapidement. Ne m’en veux pas et travaille pour deux. »

Et il se sauva, marchant vite. Il n’avait pas voulu que son ami l’accompagnât.

Un tel flot de pensées battait dans sa tête, qu’il arriva rue d’Amsterdam sans avoir conscience du chemin parcouru.

Le passé et l’avenir l’emplissaient : il revoyait Mme de Rionne mourante, il suivait avec