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questionna, jamais il ne voulut le forcer aux confidences. Il savait qu’il était orphelin, qu’une sainte femme avait recueilli et fait élever, et que cette femme était morte. Cela lui suffisait. Il se disait que son ami ne pouvait cacher qu’une bonne pensée.

Pendant douze ans, Daniel alla chaque mois rue d’Amsterdam.

Il n’entrait pas toujours, il rôdait devant la maison, et, parfois seulement, il se hasardait à demander des nouvelles de Jeanne.

Ces jours-là, il se levait de bonne heure. Il faisait le chemin à pied, une grande lieue. Il marchait vite, heureux dans les rues, seul au milieu de la foule, n’ayant même plus Georges à son côté, et il y avait, tout au fond, un espoir secret de revoir enfin son enfant.

Il arrivait, et longtemps il se promenait sur le trottoir, allant et venant, regardant la porte de loin. Puis, il se rapprochait, guettait la sortie d’un domestique : s’il ne voyait personne qu’il pût interroger, parfois il s’en retournait triste et