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la fenêtre, parce que bien souvent il les avait regardés, dans ses heures de rêveries, en songeant à sa chère petite fille.

Pendant douze ans, il resta ainsi dans cette chambre silencieuse. Elle était si pleine pour lui de sa chère et unique pensée, qu’il ressentait une grande tristesse à la seule idée de la quitter. Il lui semblait qu’ailleurs il n’aurait plus vu Jeanne devant lui dans chaque objet.

Parfois, Georges, le soir, accompagnait Daniel jusqu’à sa demeure. Et ils avaient de longues et bonnes causeries sur les premières années de leur amitié, lorsque tous deux logeaient dans la maison.

Ils y vivaient alors presque seuls, voyant quelques rares camarades. C’était dans cette solitude que leur sympathie avait fini par se changer en estime et en affection raisonnées. Ils avaient appris à s’aimer, leur raison était ainsi devenue complice de leur cœur.

Daniel éprouvait pour Georges un sentiment tout fraternel. Il se reposait dans ce caractère