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est la nouvelle mère de Jeanne ! » Et, à cette pensée, il éprouva comme une sourde peur.

La sœur de M. de Rionne, à seize ans, avait été une jeune ambitieuse, très positive, cherchant à tirer de la vie le meilleur parti possible pour sa jouissance. Elle s’était posé la question du mariage comme un problème d’arithmétique, et elle avait résolu ce problème avec toute l’exactitude d’un mathématicien.

D’une intelligence nette, elle voyait très clair dans ses intérêts. Le monde moral lui était fermé, et son cœur ne l’embarrassait guère. Très bornée lorsqu’il s’agissait de passion et de sentiment, elle se montrait fort intelligente dès qu’il lui fallait disposer de son corps et de sa fortune.

Aussi avait-elle pris en exécration la noblesse, la classe dans laquelle elle était née. Elle disait que, parmi ces gens-là, les maris mangent d’ordinaire l’argent, et que les femmes n’ont bientôt plus vingt pauvres robes à se mettre.

Elle regardait le ménage de son frère avec une condescendance pleine de pitié, et elle pensait que cette