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LA FORMULE CRITIQUE APPLIQUÉE AU ROMAN

Dernièrement, je lisais un article de bibliographie, où un romancier était assez dédaigneusement traité de critique. On niait ses romans, on admettait ses études littéraires, sans s’apercevoir que les facultés du critique tendent à se confondre aujourd’hui avec les facultés du romancier. Il y a là une question qu’il me parait intéressant de traiter.

On sait ce que la critique est devenue de nos jours. Sans faire l’histoire complète des transformations qu’elle a éprouvées depuis le siècle dernier, — histoire qui serait des plus instructives et qui résumerait le mouvement général des esprits, — il suffit de citer les noms de Sainte-Beuve et de M. Taine pour établir à quelle distance nous sommes des jugements de la Harpe et même des commentaires de Voltaire.

Sainte-Beuve, un des premiers, comprit la nécessité d’expliquer l’œuvre par l’homme. Il replaça l’écrivain dans son milieu, étudia sa famille, sa vie, ses goûts, regarda en un mot une page écrite comme le produit de toute sorte d’éléments, qu’il fallait connaître, si l'on voulait porter un jugement juste, complet et dé-