nt, avec une fantaisie et une prodigalité dont nos féeries peuvent donner une idée. Les pièces historiques, d’ailleurs, sont traitées de la même façon ; les Grecs, les Romains, ont des ajustements mythologiques du caprice le plus singulier. Pourtant, dès Mazarin, un mouvement se produit vers la vérité ; le cardinal apportait de l’Italie le goût de l’antiquité ; seulement, il faut ajouter que les costumes offraient toujours d étranges compromis. Enfin, arrive le costume romain, tel que le portaient les héros de Racine. Ce costume était copié sur celui des statues d’empereurs romains que nous a laissées l’antiquité. Mais Louis XIV, qui venait de l’adopter pour ses carrousels, l’avait défiguré d’une étonnante manière. Écoutez M Jullien :
« La cuirasse, tout en gardant la même forme, est devenue un corps de brocart ; les knémides se sont changées en brodequins de soie brodée s’adaptant sur des souliers à talons rouges, et les nœuds de rubans remplacent les franges des épaules. Enfin, un tonnelet dentelé, rond et court, un petit glaive dont le baudrier passe sous la cuirasse ; par-dessus tout cela la perruque et la cravate de satin : voilà ce qui composait l’habit à la romaine du dix-septième siècle. Le casque de carrousel, qui reste dans l’opéra, est le plus souvent remplacé dans la tragédie par le chapeau de cour avec plumes. »
Voilà dans quel attirail ont été créés tous les chefs-d’œuvre de Racine. D’ailleurs, les tragédies de Corneille étaient, elles aussi, mises à cette mode ; on voyait Horace poignarder Camille en gants blancs. Et remarquez qu’il y avait là un progrès, car jusqu’à un certain point ce costume d’apparat se basait sur la