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morte un cierge allumé et une tasse d’eau bénite ; car on attend la sœur d’Adèle, cette Agathe qui a une langue de serpent, et la bonne ne veut pas qu’on puisse l’accuser de mal tenir le ménage. M. Rousseau a envoyé un commis remplir les formalités nécessaires. Lui, se rend à l’église et discute longuement le tarif des convois. Ce n’est pas parce qu’il a du chagrin qu’on doit le voler. Il aimait bien sa femme, et, si elle peut encore le voir, il est certain qu’il lui fait plaisir, en marchandant les curés et les employés des pompes funèbres. Cependant, il veut, pour le quartier, que l’enterrement soit convenable. Enfin, il tombe d’accord, il donnera cent soixante francs à l’église et trois cents francs aux pompes funèbres. Il estime qu’avec les petits frais, il n’en sera pas quitte à moins de cinq cents francs.

Quand M. Rousseau rentre chez lui, il aperçoit Agathe, sa belle-sœur, installée près de la morte. Agathe est une grande personne sèche, aux yeux rouges, aux lèvres bleuâtres et minces. Depuis trois ans, le ménage était brouillé avec elle et ne la voyait plus. Elle se lève cérémonieusement, puis embrasse son beau-frère. Devant la mort, toutes les querelles finissent. M. Rousseau qui n’a pu pleurer, le matin, sanglote alors, en retrouvant sa