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chez elle, plus innocente qu’un agneau. Tu verras, mon garçon ; ce sera encore pour rire, cette fois… Tiens, regarde donc le beau temps !

Et, de la main, je lui montrais le ciel. Il était sept heures, le soleil se couchait. Ah ! que de bleu ! Le ciel n’était que du bleu, une nappe bleue immense, d’une pureté profonde, où le soleil couchant volait comme une poussière d’or. Il tombait de là-haut une joie lente, qui gagnait tout l’horizon. Jamais je n’avais vu le village s’assoupir dans une paix si douce. Sur les tuiles, une teinte rose se mourait. J’entendais le rire d’une voisine, puis des voix d’enfants au tournant de la route, devant chez nous. Plus loin, montaient, adoucis par la distance, des bruits de troupeaux rentrant à l’étable. La grosse voix de la Garonne ronflait, continue ; mais elle me semblait la voix même du silence, tant j’étais habitué à son grondement. Peu à peu, le ciel blanchissait, le village s’endormait davantage. C’était le soir d’un beau jour, et je pensais que tout notre bonheur, les grandes récoltes, la maison heureuse, les fiançailles de Véronique, pleuvant de là-haut, nous arrivaient dans la pureté même de la lumière. Une bénédiction s’élargissait sur nous, avec l’adieu du soir.

Cependant, j’étais revenu au milieu de la pièce.