Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

saient de nouveau par la place du Palais, et que le Café de Paris était encore éclairé, il tapa sur l’épaule de Burle, en disant :

— Si jamais tu rentres dans ce trou…

— N’aie pas peur ! répondit le capitaine, sans le laisser achever la phrase.

Et il lui tendit la main. Mais Laguitte reprit :

— Non, non, je t’accompagne jusqu’à ta porte. Comme ça, je serai sûr au moins que tu n’y retourneras pas cette nuit.

Ils continuèrent leur marche. En remontant la rue des Récollets, tous deux ralentirent le pas. Puis, devant sa porte, après avoir sorti sa clef de la poche, le capitaine finit par se décider.

— Eh bien ? demanda-t-il.

— Eh bien ! reprit le major d’une voix rude, je suis un salaud comme toi… Oui, j’ai fait une saleté… Ah ! sacré nom ! que le diable t’emporte ! Nos soldats mangeront encore de la carne pendant trois mois.

Et il expliqua que Gagneux, ce dégoûtant Gagneux, était un bougre de tête, qui, petit à petit, l’avait amené à un marché : il n’irait pas trouver le colonel, il ferait même cadeau des deux mille francs, en remplaçant les faux reçus par des reçus signés de lui ; mais, en retour, il exigeait que le