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la maison de Rouget, il entra. La maison était vide. Il donna ensuite un coup d’œil chez Fouasse, chez Tupain, chez Brisemotte. Pas une âme ; toutes les portes ouvertes, et personne dans les salles. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Un léger froid commençait à lui courir sur la peau. Alors, il songea aux autorités. Certainement, l’Empereur le renseignerait. Mais la maison de l’Empereur était vide comme les autres ; jusqu’au garde-champêtre qui manquait ! Ce village désert et silencieux le terrifiait maintenant. Il courut chez le maire. Là, une autre surprise l’attendait : le ménage se trouvait dans un gâchis abominable ; on n’avait pas fait les lits depuis trois jours ; la vaisselle traînait, les chaises culbutées semblaient indiquer quelque bataille. Bouleversé, rêvant des cataclysmes, M. Mouchel voulut aller jusqu’au bout, et il visita l’église. Pas plus de curé que de maire. Tous les pouvoirs et la religion elle-même avaient disparu. Coqueville, abandonné, dormait sans un souffle, sans un chien, sans un chat. Plus même de volailles, les poules s’en étaient allées. Rien, le vide, le silence, un sommeil de plomb, sous le grand ciel bleu.

Parbleu ! ce n’était pas étonnant, si Coqueville n’apportait point sa pêche ! Coqueville avait démé-