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Rouget et La Queue rentrèrent avec chacun trois tonneaux. Et la fête recommença. Les femmes avaient descendu des tables, pour plus de commodité. On apporta même des bancs, on établit deux cafés en plein air, ainsi qu’il y en avait à Grandport. Les Mahé étaient à gauche, les Floche à droite, séparés encore par une butte de sable. Pourtant, ce soir-là, l’Empereur qui allait d’un groupe à l’autre, promena des verres pleins, afin de faire goûter les six tonneaux à tout le monde. Vers neuf heures, on était beaucoup plus gai que la veille. Coqueville, le lendemain, ne put jamais se souvenir de quelle façon il s’était couché.

Le jeudi, le Zéphir et la Baleine ne pêchèrent que quatre tonneaux, deux chacun ; mais ils étaient énormes. Le vendredi, la pêche fut superbe, inespérée ; il y eut sept tonneaux, trois pour Rouget et quatre pour La Queue. Alors, Coqueville entra dans un âge d’or. On ne faisait plus rien. Les pêcheurs, cuvant les alcools de la veille, dormaient jusqu’à midi. Puis, ils descendaient en flânant sur la plage, ils interrogeaient la mer. Leur seul souci était de se demander quelle liqueur la marée allait leur apporter. Ils restaient là des heures, les yeux braqués ; ils poussaient des cris de joie, dès qu’une épave apparaissait. Les femmes et les enfants, du