rester neutres. Maintenant, l’Empereur tenait pour les Mahé, tandis que l’abbé Radiguet appuyait les Floche. De là, des complications. Comme l’Empereur, du matin au soir, vivait en bourgeois, et qu’il se lassait de compter les bateaux qui sortaient de Grandport, il s’était avisé de faire la police du village. Devenu le partisan des Mahé, par des instincts secrets de conservation sociale, il donnait raison à Fouasse contre Tupain, il tâchait de prendre la femme de Rouget en flagrant délit avec Brisemotte, il fermait surtout les yeux, quand il voyait Delphin se glisser dans la cour de Margot. Le pis était que ces agissements amenaient de fortes querelles entre l’Empereur et son supérieur naturel, le maire La Queue. Respectueux de la discipline, le premier écoutait les reproches du second, puis recommençait à n’agir qu’à sa tête : ce qui désorganisait les pouvoirs publics de Coqueville. On ne pouvait passer devant le hangar décoré du nom de mairie, sans être assourdi par l’éclat d’une dispute. D’un autre côté, l’abbé Radiguet, rallié aux Floche triomphants, qui le comblaient de maquereaux superbes, encourageait sourdement les résistances de la femme de Rouget, et menaçait Margot des flammes de l’enfer, si jamais elle laissait Delphin la toucher du doigt.
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