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IV


Puis, nous nous calmions, nous goûtions le charme profond de la rivière.

Les deux rives s’écartent ; la nappe d’eau s’élargit en un vaste bassin ; et, là, trois îles se présentent de front au courant. La première, à gauche, très longue, descend à près d’une demi-lieue ; la seconde ménage un bras de trois cents mètres au plus ; et, quant à la troisième, elle n’est qu’une butte de gazon, couverte de grands arbres. Derrière, d’autres touffes de verdure, d’autres petites îles, s’en vont à la débandade, coupées par des bras étroits de rivière. Sur la gauche du fleuve, des plaines cultivées s’étendent ; sur la droite, se dresse un coteau, planté au sommet d’un bois chevelu.

Nous remontions le courant, longeant les berges, pour éviter la fatigue ; puis, quand nous étions en haut du bassin, nous prenions le milieu et nous laissions aller notre barque à la dérive. Elle descendait lentement d’elle-même, sans un bruit.