Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

collées des images, sa cheminée de plâtre sur laquelle s’étalait tout un luxe de paysan, des fleurs en papier sous verre, des boîtes dorées, gagnées dans les foires, des coquillages rapportés du Havre. Il fallait une échelle pour monter sur le lit. La pièce sentait le linge frais, la dernière lessive dont l’armoire était pleine.

C’était la chambre de sa fille aînée que le maréchal me cédait, et des jupes d’indienne, des corsages de toile pendaient encore à des clous. La bande me plaisantait, en disant que je dormais là en plein dans les jupons. Le fait est que toute cette garde-robe de paysanne me troublait un peu. J’avais parfois la curiosité de visiter l’armoire et d’examiner les effets pendus. Quelle gaillarde ! les ceintures de ces robes n’étaient pas trop étroites pour moi, et deux Parisiennes auraient dansé dans un de ces corsages. Un soir, je découvris un corset, derrière une pile de serviettes ; je fus stupéfait, c’était une vraie armure, une cuirasse bardée de baleines, grande à y mettre le torse de la Vénus de Milo. D’ailleurs, la seconde année de notre séjour, la belle Ernestine épousa un boucher de Poissy.

À quatre heures, le matin, des hirondelles qui avaient fait leur nid en haut de la cheminée, me