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XII


Frère Archangias dînait à la cure tous les jeudis. Il venait de bonne heure, d’ordinaire, pour causer de la paroisse. C’était lui qui, depuis trois mois, mettait l’abbé au courant, le renseignait sur toute la vallée. Ce jeudi-là, en attendant que la Teuse les appelât, ils allèrent se promener à petits pas, devant l’église. Le prêtre, lorsqu’il raconta son entrevue avec Bambousse, fut très-surpris d’entendre le Frère trouver naturelle la réponse du paysan.

— Il a raison, cet homme, disait l’ignorantin. On ne donne pas son bien comme ça… La Rosalie ne vaut pas grand’chose ; mais c’est toujours dur de voir sa fille se jeter à la tête d’un gueux.

— Cependant, reprit l’abbé Mouret, il n’y a que le mariage pour faire cesser le scandale.

Le Frère haussa ses fortes épaules. Il eut un rire inquiétant.

— Si vous croyez, cria-t-il, que vous allez guérir le pays, avec ce mariage !… Avant deux ans, Catherine sera grosse ; puis, les autres viendront, toutes y passeront. Du moment