sous la dignité du sacerdoce. Désirée ne s’aperçut pas même de son trouble. Elle dit simplement, en entrant dans la salle à manger :
— Moi, j’ai bien dormi. Toi, tu as trop bavardé, tu es tout pâle.
Le soir, après le dîner, Frère Archangias vint faire sa partie de bataille avec la Teuse. Il avait, ce soir-là, une gaieté énorme. Quand le Frère était gai, il allongeait des coups de poing dans les côtes de la Teuse, qui lui rendait des soufflets, à toute volée. Cela les faisait rire, d’un rire dont les plafonds tremblaient. Puis, il inventait des farces extraordinaires : il cassait avec son nez des assiettes posées à plat, il pariait de fendre à coup de derrière la porte de la salle à manger, il jetait tout le tabac de sa tabatière dans le café de la vieille servante, ou bien apportait une poignée de cailloux qu’il lui glissait dans la gorge, en les enfonçant avec la main, jusqu’à la ceinture. Ces débordements de joie sanguine éclataient pour un rien, au milieu de ses colères accoutumées ; souvent un fait dont personne ne riait, lui donnait une véritable attaque de folie bruyante, tapant des pieds, tournant comme une toupie, se tenant le ventre.
— Alors, vous ne voulez pas me dire pourquoi vous êtes gai ? demanda la Teuse.
Il ne répondit pas. Il s’était assis à califourchon sur une chaise, il faisait le tour de la table en galopant.
— Oui, oui, faites la bête, reprit-elle. Mon Dieu ! que vous êtes bête ! Si le bon Dieu vous voit, il doit être content de vous !
Le Frère venait de se laisser aller à la renverse, l’échine sur le carreau, les jambes en l’air. Sans se relever, il dit gravement :
— Il me voit, il est content de me voir. C’est lui qui veut que je sois gai… Quand il consent à m’envoyer une récréa-