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LA FAUTE DE L’ABBÉ MOURET.

paille, ça donne sommeil, n’est-ce pas ?… Serge n’aime pas ça. Vous non plus, peut-être. Alors, qu’est-ce que vous pouvez aimer ?… Racontez un peu, pour que je sache.

Elle s’assoupissait lentement. Un instant, elle tint ses yeux grands ouverts, ayant l’air de chercher quel plaisir elle ignorait. Puis, elle baissa les paupières, avec un sourire tranquille, comme pleinement contentée. Elle paraissait dormir, lorsque, au bout de quelques minutes, elle rouvrit les yeux, disant :

— La vache va faire un petit… Voilà qui est bon aussi. Ça m’amusera plus que tout.

Et elle glissa à un sommeil profond. Les bêtes avaient fini par monter sur elle. C’était un flot de plumes vivantes qui la couvrait. Des poules semblaient couver ses pieds. Les oies mettaient le duvet de leur cou le long de ses cuisses. À gauche, le cochon lui chauffait le flanc ; pendant que la chèvre, à droite, allongeait sa tête barbue jusque sous son aisselle. Un peu partout, des pigeons nichaient, dans ses mains ouvertes, au creux de sa taille, derrière ses épaules tombantes. Et elle était toute rose, en dormant, caressée par le souffle plus fort de la vache, étouffée sous le poids du grand coq accroupi, qui était descendu plus bas que la gorge, les ailes battantes, la crête allumée, et dont le ventre fauve la brûlait d’une caresse de flamme, à travers ses jupes.

La pluie, au-dehors, tombait plus fine. Une nappe de soleil, échappée du coin d’un nuage, trempait d’or la poussière d’eau volante. Albine, restée immobile, regardait dormir Désirée, cette belle fille qui contentait sa chair en se roulant sur la paille. Elle souhaitait d’être ainsi lasse et pâmée, endormie de jouissance, pour quelques fétus qui lui auraient chatouillé la nuque. Elle jalousait ces bras forts, cette poitrine dure, cette vie toute charnelle dans la chaleur fécondante d’un troupeau de bêtes, cet épanouissement purement