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LES ROUGON-MACQUART.

Dieu préfère ceux qui vivent dans la bassesse… Mais les Artaud se conduisent en bêtes, voyez-vous ! Ils sont comme leurs chiens qui n’assistent pas à la messe, qui se moquent des commandements de Dieu et de l’Église. Ils forniqueraient avec leurs pièces de terre, tant ils les aiment !

Voriau, la queue au vent, s’arrêtait, reprenait son trot, après s’être assuré que les deux hommes le suivaient toujours.

— Il y a des abus déplorables, en effet, dit l’abbé Mouret. Mon prédécesseur, l’abbé Caffin…

— Un pauvre homme, interrompit le Frère. Il nous est arrivé de Normandie, à la suite d’une vilaine histoire. Ici, il n’a songé qu’à bien vivre ; il a tout laissé aller à la débandade.

— Non, l’abbé Caffin a certainement fait ce qu’il a pu ; mais il faut avouer que ses efforts sont restés à peu près stériles. Les miens eux-mêmes demeurent le plus souvent sans résultat.

Frère Archangias haussa les épaules. Il marcha un instant en silence, déhanchant son grand corps maigre taillé à coups de hache. Le soleil tapait sur sa nuque, au cuir tanné, mettant dans l’ombre sa dure face de paysan, en lame de sabre.

— Écoutez, monsieur le curé, reprit-il enfin, je suis trop bas pour vous adresser des observations ; seulement, j’ai presque le double de votre âge, je connais le pays, ce qui m’autorise à vous dire que vous n’arriverez à rien par la douceur… Entendez-vous, le catéchisme suffit. Dieu n’a pas de miséricorde pour les impies. Il les brûle. Tenez-vous-en à cela.

Et comme l’abbé Mouret, la tête penchée, n’ouvrait point la bouche, il continua :

— La religion s’en va des campagnes, parce qu’on la fait trop bonne femme. Elle a été respectée, tant qu’elle a parlé