XV
Ils descendirent, ils marchèrent au milieu du jardin, sans que Serge cessât de sourire. Il n’aperçut les verdures que dans les miroirs clairs des yeux d’Albine. Le jardin, en les voyant, avait eu comme un rire prolongé, un murmure satisfait volant de feuille en feuille, jusqu’au bout des avenues les plus profondes. Depuis des journées, il devait les attendre, ainsi liés à la taille, réconciliés avec les arbres, cherchant sur les couches d’herbe leur amour perdu. Un chut solennel courut sous les branches. Le ciel de deux heures avait un assoupissement de brasier. Des plantes se haussaient pour les regarder passer.
— Les entends-tu ? demandait Albine à demi-voix. Elles se taisent quand nous approchons. Mais, au loin, elles nous attendent, elles se confient de l’une à l’autre le chemin qu’elles doivent nous indiquer… Je t’avais bien dit que nous n’aurions pas à nous inquiéter des sentiers. Ce sont les arbres qui me montrent la route, de leurs bras tendus.
En effet, le parc entier les poussait doucement. Derrière eux, il semblait qu’une barrière de buissons se hérissât,