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LES ROUGON-MACQUART.

quel nous serons plus forts, plus sains, plus parfaits. Tu verras, tout nous deviendra aisé. Tu pourras me prendre, ainsi que tu rêvais de le faire, si étroitement, que pas un bout de mon corps ne sera hors de toi. Alors, j’imagine quelque chose de céleste qui descendra en nous… Veux-tu ?

Il pâlissait, il battait des paupières, comme si une grande clarté l’eût gêné.

— Veux-tu ? Veux-tu ? répéta-t-elle, plus brûlante, déjà soulevée à demi.

Il se mit debout, il la suivit, chancelant d’abord, puis attaché à sa taille, ne pouvant se séparer d’elle. Il allait où elle allait, entraîné dans l’air chaud coulant de sa chevelure. Et comme il venait un peu en arrière, elle se tournait à demi ; elle avait un visage tout luisant d’amour, une bouche et des yeux de tentation, qui l’appelaient, avec un tel empire, qu’il l’aurait ainsi accompagnée partout, en chien fidèle.