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LES ROUGON-MACQUART.

Un moment, ils regardèrent le Paradou étalé à leurs pieds.

— Et tu vois, continua-t-elle, on n’aperçoit pas le moindre bout de muraille. Tout le pays est à nous, jusqu’au bord du ciel.

Ils s’étaient, enfin, pris à la taille, sans le savoir, d’un geste rassuré et confiant. Les sources calmaient leur fièvre. Mais, comme ils s’éloignaient, Albine parut céder à un souvenir ; elle ramena Serge, en disant :

— Là, au bas des rochers, j’ai vu la muraille, une fois. Il y a longtemps.

— Mais on ne voit rien, murmura Serge, légèrement pâle.

— Si, si… Elle doit être derrière l’avenue des marronniers, après ces broussailles.

Puis, sentant le bras de Serge qui la serrait plus nerveusement, elle ajouta :

— Je me trompe peut-être… Pourtant, je me rappelle que je l’ai trouvée tout d’un coup devant moi, en sortant de l’allée. Elle me barrait le chemin, si haute, que j’en ai eu peur… Et, à quelques pas de là, j’ai été bien surprise. Elle était crevée, elle avait un trou énorme, par lequel on apercevait tout le pays d’à côté.

Serge la regarda, avec une supplication inquiète dans les yeux. Elle eut un haussement d’épaules pour le rassurer.

— Oh ! mais j’ai bouché le trou ! Va, je te l’ai dit, nous sommes bien seuls… Je l’ai bouché tout de suite. J’avais mon couteau. J’ai coupé des ronces, j’ai roulé de grosses pierres. Je défie bien à un moineau de passer… Si tu veux, nous irons voir, un de ces jours. Ça te tranquillisera.

Il dit non de la tête. Puis, ils s’en allèrent, se tenant à la taille ; mais ils étaient redevenus anxieux. Serge abaissait des regards de côté sur le visage d’Albine, qui souffrait, les paupières battantes, à être ainsi regardée. Tous deux au-