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sance s’évanouit dès qu’il touche la terre.

Frères, il me serait plus facile de donner des ailes à Laurence que de lui donner un cœur de femme.

Nous sommes de grands enfants. Nous ne savons que faire de cette sublime réalité qui nous vient de Dieu & que nous gâtons à plaisir par nos rêves. Nous sommes si maladroits à vivre que la vie en devient mauvaise. Sachons vivre, le mal disparaîtra. Si je possédais le grand art du réel, si j’avais conscience d’un paradis humain, si je pouvais distinguer la chimère du possible, je parlerais, Laurence m’entendrait. Je saurais que reprendre en elle & que lui proposer en exemple. Science délicate qui me ferait pénétrer les causes de sa chute & trouver un remède à chaque plaie de son cœur. Mais que faire, lorsque mon ignorance dresse une barrière entre elle & moi ? Je suis le rêve, elle est la réalité. Nous marcherons côte à côte sans jamais nous rencontrer, &, notre course finie, elle ne