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pour sa robe bleue, qui se déchire & se tache déjà. Jamais je ne l’avais vue aussi active ; un quart d’heure lui a suffi pour coudre ces boutons. Elle a fait grande toilette, puis s’est admirée. La nuit est venue, & elle allait & venait encore par la chambre, regardant sa nouvelle parure. Comme j’allumais la lampe, je lui ai dit doucement de se mettre au travail. Elle a semblé ne pas m’entendre. Je lui ai répété mes paroles, & alors elle s’est assise brusquement, saisissant la broderie avec colère. Mon cœur s’est brisé.

— Laurence, lui ai-je dit, je ne veux pas que tu travailles par contrainte. Laisse là l’aiguille, s’il te plaît de ne rien faire. Je ne me sens pas le droit de t’imposer une tâche : tu es libre d’être bonne ou mauvaise.

— Non, non, m’a-t-elle répondu, tu désires que je travaille beaucoup. Je comprends qu’il me faut te payer ma nourriture & ma part de loyer. Je pourrai même