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sont blasées, & joueraient volontiers encore à la poupée. Un rien les amuse, les fait rire aux éclats ; elles retrouvent, sans y songer, l’étonnement & le caressant babil des petites filles de cinq ans. Je me sers de cette observation. Je donne des chiffons à Laurence, ce qui nous rend grands amis pendant une heure.

Vous ne sauriez croire l’émotion profonde que fait naître en moi cette éducation. Lorsque je crois avoir fait battre ce cœur mort, je suis tenté de m’agenouiller & de remercier Dieu. Sans doute, je m’exagère la sainteté de ma mission. Je me dis que l’amour d’une vierge me sanctifierait moins que l’amour dont cette fille m’aimera peut-être un jour.

Ce jour est loin encore. Ma compagne est embarrassée de mon respect. Elle que l’insulte trouve sans honte, rougit lorsque je lui adresse une bonne parole. Parfois je la vois hésiter à me répondre, cherchant si c’est bien à elle que je parle. Elle s’étonne