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brassaient encore. Elles étaient plus noires, plus énergiques, & leur netteté les rendait effrayantes. Marie les a aperçues.

Un sourire suprême s’est montré sur ses lèvres. Avec une joie d’enfant, une voix jeune, elle s’est approché de mon oreille, me caressant de la main.

— Oh ! je les vois, je les vois, a-t-elle dit. Ils s’embrassent. Ils ont des têtes énormes, toutes noires. J’ai peur. Dis-leur bien que nous sommes ensemble, qu’ils ne viennent plus nous tourmenter. Une nuit, ils se sont embrassés ainsi ; nous nous embrassions de notre côté, & c’est à partir de ce moment-là que je n’ai plus aimé Laurence. Te souviens-tu ? Viens, que je te donne un baiser. Ce sera le second, celui de nos fiançailles.

Marie a posé en balbutiant sa bouche sur la mienne. J’ai senti passer entre mes lèvres un souffle avec un léger cri. Le corps que je tenais entre mes bras a eu une convulsion, puis s’est abandonné.