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Lorsque, les bras étendus, je l’ai présentée à la fenêtre, Marie, dont la tête était renversée, a regardé le ciel. La nuit se creusait, d’un bleu profond, semée d’étoiles ; l’air calme avait des frissons chauds & lents. Les yeux de la moribonde regardaient les étoiles, ses lèvres aspiraient l’air tiède. Son visage, jusqu’alors résigné, a eu une contraction douloureuse, comme une révolte de la chair mourante en présence des souffles de la vie. Elle s’absorbait dans sa contemplation, elle égarait ses regards dans les espaces sombres, elle semblait rêver son dernier rêve.

J’ai entendu un murmure, & je me suis penché. Elle répétait :

— Je ne les vois pas, ils ne s’embrassent pas.

Et elle agitait doucement dans le vide ses pauvres mains comme pour écarter le voile qui s’étendait sur sa vue.

Alors, j’ai haussé sa tête. Les ombres, dans le carré de lumière jaune, s’em-