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ront l’âcre volupté de nos baisers féconds.

Et cependant, frères, il me serait doux de me sentir la pourpre aux épaules, non pour m’en draper devant la foule, mais pour vivre plus largement sous le riche & superbe tissu. Il me serait doux d’être roi d’Asie, de rêver nuit & jour sur un lit de roses, dans une de ces féeriques demeures, harems de fleurs & de sultanes. Les bains de marbre aux fontaines parfumées, les galeries de chèvrefeuilles soutenus sur des treillages d’argent, les immenses salles aux plafonds semés d’étoiles, n’est-ce pas là le palais que les anges devraient bâtir pour chaque homme de vingt ans ? La jeunesse veut à son festin tout ce qui chante, tout ce qui rayonne. Lors du premier baiser, il faut que l’amante soit toute de dentelle & de bijoux, que la couche, portée par quatre fées d’or & de marbre, ait un ciel de pierreries & des toiles de satin.