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fant que chaque plaie rend plus jeune & plus chaud ! En passant devant Laurence, pour aller chez Jacques, j’ai regardé un instant cette fille endormie, &, après tant de larmes, j’ai de nouveau espéré la rédemption.

J’ai trouvé Jacques au travail. Il m’a tendu la main loyalement, avec un sourire clair & franc. Je l’ai regardé au visage, en face ; je n’ai pas vu dans ses traits paisibles la trahison que j’y cherchais. Si ce garçon me trompe, il ne sait pas qu’il fait saigner mon cœur.

— Eh quoi ! m’a-t-il dit en riant, n’es-tu plus paresseux ? C’est bon pour moi, homme sérieux, de me lever à six heures.

— Écoute, Jacques, ai-je répondu, je suis malade, je viens me guérir. J’ai perdu conscience de ce qui m’entoure, je m’ignore moi-même. Ce matin, au réveil, j’ai compris que le sens de la vie m’échappait, je me suis senti perdu dans le vertige & l’aveuglement. C’est pourquoi je suis des-