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mieux meublée, moins sale. Une large fenêtre s’ouvre sur la grande muraille noire qui se dresse à quelques mètres de la façade de la maison.

Marie était seule, immobile, les yeux grands ouverts, regardant le plafond avec cet air pensif et navrant des malades qui voient déjà au delà de la vie. Pâquerette venait de descendre chercher son déjeuner. Sur une petite table, dans le voisinage d’un fauteuil, se trouvaient une armée de bouteilles, un seul verre & des débris de viandes. La pensée m’est venue que Pâquerette se soignait plus qu’elle ne soignait la moribonde.

J’ai baisé le front de Marie, je me suis assis sur le bord de la couche, tenant une de ses mains. Elle a tourné la tête lentement & m’a souri, me disant qu’elle ne souffrait pas, qu’elle se reposait. Sa parole, un peu rauque, n’était plus qu’un murmure faible & caressant. Le front incliné, elle me regardait de ses