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champ préféré, &, le premier, j’ai voulu chercher la couronne et l’amante que Dieu garde à nos vingt ans.

— Claude, m’avez-vous dit au départ, te voici dans la lutte. Demain, nous ne serons plus là comme hier, te donnant espérance & courage. Tu vas te trouver seul & pauvre, n’ayant que des souvenirs pour peupler & dorer ta solitude. La tâche est rude, dit-on. Pars cependant, puisque tu as soif de la vie. Souviens-toi de tes projets : sois ferme & loyal dans l’action, comme tu l’étais dans le rêve ; vis dans les greniers, mange ton pain dur, souris à la misère. Que l’homme ne raille pas en toi l’ignorance de l’enfant, qu’il accepte l’âpre labeur du bien & du beau. La souffrance grandit l’homme, les pleurs sont séchés un jour, lorsqu’on a beaucoup aimé. Bon courage, & attends-nous. Nous te consolerons, nous te gronderons de loin. Nous ne pouvons te suivre aujourd’hui, car nous ne nous sentons pas ta force ;