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Elle accourait à moi, me jetait, gerbe par gerbe, les fleurs qu’elle cueillait, marguerites & boutons d’or, églantines & muguets ; puis elle partait de nouveau, éclatante au soleil, pâle & transparente à l’ombre, comme bourdonnant dans la lumière, ne pouvant s’arrêter. Elle emplissait ces herbes & ces feuilles de bruit & de mouvement ; elle peuplait ce coin perdu ; le printemps avait plus de clarté, plus de vie, depuis que cette enfant blanche riait dans la verdure.

Fraîche, rougissante, toute vibrante, Laurence est venue s’asseoir à mon côté. Elle était humide de rosée, ses seins se soulevaient, rapides, pleins d’un souffle jeune & frais. Il s’exhalait d’elle une bonne odeur d’herbe & de santé. J’avais enfin près de moi une femme, vivant largement, purement, regardant la lumière en face. Je me suis penché, j’ai baisé Laurence au front.

Elle prenait les fleurs, une à une, les