Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce cloaque ; je viendrais, à l’heure de midi, m’asseoir avec mon amante sur la terre grasse, m’abîmant dans cette créature morte & dans ce vallon sordide. Je me suis arrêté effrayé, prêt à rentrer à Paris en courant, & j’ai regardé Laurence.

Laurence avait son visage affaissé, son visage de misère & de vieillesse. Le sourire du départ s’était évanoui. Elle semblait lasse & ennuyée ; elle regardait autour d’elle, calme, sans dégoût. J’ai cru la voir dans notre chambre, j’ai compris qu’il fallait à cette âme endormie plus de soleil, une nature plus douce pour lui rendre ses quinze ans.

Alors, je lui ai pris fortement le bras ; sans lui permettre de tourner la tête, je l’ai entraînée, remontant le coteau, toujours tout droit, suivant les routes, traversant les prés, en quête du printemps jeune & vierge. Pendant deux heures, nous sommes allés ainsi, en silence, rapidement. Nous avons passé par deux ou trois vil-